Magali Fortin : Elle continue, elle avance, sur sa route...

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Au début des années 2000, nous n'étions pas nombreux à créer de "vrais sites" (pas des trucs sous multimania ou ifrance...) et à croire au web dans le monde de la chanson. C'est ainsi qu'avec Magali Fortin nous avons commencé à échanger...

En octobre 2002, pour le webzine gratuit, elle nous racontait sa formation musicale, ses premiers CDs... Si vous n'avez pas lu cette interview : http://www.lewebzinegratuit.com/n24.htm.

 magali fortin
Magali Fortin...
 magali fortin pochette Son cinquième album
Son cinquième album

Interview publiée le 9 avril 2015...


Stéphane Ternoise : - 2002-2015, peux-tu nous raconter les principales étapes de ta vie, dont les albums ?

Magali Fortin : - Effectivement, après En vert et contre tout, d'autres albums ont suivi : Filles de blues, Just a blue note, Bienvenue sur la route, d'autres sortiront d'ici fin 2015... J'ai évolué dans mes créations, j'ai consolidé des amitiés, j'ai développé mon site, je repense mes titres... Bref, j'ai toujours plein de projets et j'espère que certains verront le jour. L'avenir nous le dira.

Tu remarquais, en 2002, "Le pc a démocratisé et ouvert ces milieux fermés où l'argent était la clé d'accès." 13 ans plus tard, n'as-tu pas l'impression que les puissances d'argent se sont organisées pour confisquer la liberté envisagée ? Tout le monde peut facilement faire, mais pour faire connaître, l'argent est indispensable ?

Ta question est très très complexe et c'est le grand débat actuel. Je lisais dernièrement un article dans KR Home studio qui s'interrogeait sur les artistes et les maisons de disques. Pour résumer, la question soulevée était : est-ce qu'un artiste à l'heure actuelle a envie de travailler pour des actionnaires ? Alors qu'il y a maintenant des plates-formes de paiement pour visionner des concerts, des plates-formes d'achat de musique en ligne, de ventes d'albums directement par l'artiste, des plates-formes de financement participatif où l'argent est reversé directement à l'artiste pour produire son album en échange d'envoyer le prochain album à ceux qui ont cru et investi en lui... Aujourd'hui, tout se discute. Tout est open. L'argent circule mais différemment.
Quant à l'argent s'il est indispensable ? Après je répondrai : l'argent ne fait pas le bonheur mais il y contribue... Il est bien clair que le plus talentueux des artistes si en plus il a dans sa hotte un bon budget de communication. Ça ne fait pas tout mais ça aide...
Mais l'argent ne doit pas être considéré comme la clé de tout.
Parce que l'on peut sortir un très bon album à l'heure actuelle avec un peu de matériel dans un home studio... Et j'en connais des malins qui disent avoir enregistré dans un studio soit disant reconnu et en fait les 3/4 de l'album ont été enregistré soit chez eux, soit dans leur loge ou pré mixé dans le train, avec un ordinateur portable ou tablette ou tél... Et puis, ils insèrent le logo sur la pochette pour faire uniquement de la pub au collègue qui a le studio...
A l'heure actuelle quel que soit l'artiste, le but est de diminuer les coûts de production. Et même sur scène, il y a de moins en moins de musiciens... Ce n'est pas pour rien. Il faut être réaliste. Tout comme dans notre société actuelle, avec la précarité, le chômage... Nous ne sommes plus dans les 30 glorieuses et la vague disco... Et la musique actuelle le subit aussi. Arrêtons l'hypocrisie... Et le mensonge. Et soyons vrai. C'est difficile pour tout le monde à des degrés différents suivant la notoriété.
Mais il faut rester positif quoi qu'il arrive. Je pense qu'il y a toujours de nouvelles routes à prendre. Il y a encore à développer de nouvelles formes d'artistes. De nouvelles formes de partenariat. J'en suis persuadée. Nous vivons un monde en perpétuelle évolution, et l'industrie de la musique en fait partie. Il faut y croire. Pour moi, tout reste possible que l'on prenne un chemin ou un autre si on en a la foi. L'artiste doit décider quels sont les risques qu'il a envie de prendre et la vie qu'il a envie d'avoir.

Une autre de tes phrases "Je n'attends rien parce que je n'ai rien à perdre." Avec le recul ?

Je persiste et je signe. J'ai fait des choix et je les assume. Ils sont les mêmes depuis 13 ans et peut être encore pour 20 ans. Avec le recul, je pense que je n'aurais pas agi autrement. Sinon, depuis le temps, je m'en serais aperçue.

Tu as organisé ta vie pour ne pas être obligée de courir après les dates du statut d'intermittent. En 2002 tu notais ainsi ""lâcher un travail sûr pour l'incertitude, très franchement non". Avoir réussi à continuer sans "te formater" aux souhaits des marchands, c'est ta plus belle réussite ?

Pour beaucoup, la réussite correspond à un enrichissement matériel. Et pour cela, ils sont prêts à tout.
Ma plus belle réussite, c'est d'avoir travaillé mes albums en toute liberté avec des musiciens formidables. Je me suis réellement épanouie et je partage de très belles amitiés avec certains. Ils sont pour moi comme des frères. Vous en connaissez beaucoup qui travaillent avec leurs frères ? C'est magique. C'est unique. Ca ne se vit qu'une fois.
Si j'avais été une femme "business", j'aurais fait trader. Je n'aurais jamais choisi la musique. C'est sûr.
Une fois de plus, tout se discute et on en revient à ce que j'ai dit plus haut : L'artiste doit décider quels sont les risques qu'il a envie de prendre et la vie qu'il a envie d'avoir. Et se donner les moyens pour accéder au but qu'il s'est fixé.

Magali 2002 : "A partir du moment où tu choisis ta route, que tu prends une décision en connaissance de cause, tu la suis." " Et en 2015, je t'interroge au sujet de la sortie de l'album "Bienvenue sur la route". On peut parler de cohérence, d'aboutissement ?...

Tout à fait, je suis cohérente avec moi-même depuis le début. Et rien que le titre, j'annonce à nouveau la couleur. Et je sais pertinemment que si je n'avais pas choisi cette route, cet album là n'aurait jamais vu le jour. Et je suis fière de cet album. C'est mon chemin, mon combat, mon challenge. Et il a le mérite d'être là. Je me suis fixée ce but et j'y suis arrivée. Avec du travail et du courage. Et je ne me suis rien épargnée et je n'ai pas lâché en cours de route. Je me suis donnée beaucoup de temps, de la maturation. J'ai pris du recul mais aussi de l'assurance. Et j'ai vécu une superbe expérience professionnelle.

Tu nous le présentes, cet album "Bienvenue sur la route" ?

Je crois que le mieux c'est de vous envoyer directement sur mon site pour lire la présentation et écouter les extraits. Je crois qu'il n'y a pas mieux que les titres pour vous parler de l'album et des idées qu'il défend. Sa personnalité. Son cru. Son pedigree.

En 13 ans, au-delà "de la route cohérente", naturellement tu as changé... as-tu par exemple particulièrement travaillé ta voix pour parvenir à cet "équilibre" ?...

C'est sûr que la voix se travaille en permanence et qu'elle évolue, elle mûrit. C'est un instrument naturel organique. Il n'y a pas d'instrument plus vivant et unique. De plus, je travaille maintenant qu'avec les micros Neumann notamment le TLM49. Je pense que cela y contribue aussi...


- As-tu musicalement "absorbé" d'autres influences ?...

J'écoute tellement de musiques issues de tous les styles qu'il est évident qu'inconsciemment, j'en absorbe. Un artiste ne sort pas du néant. Il s'imprègne de ces écoutes et de ce qu'il aime.
J'ai participé, il y a maintenant plus de 5 ans, à une master class de Lucilla Galeazzi parce que je voulais étudier le chant traditionnel et notamment italien. Ayant travaillé en plus l'opéra et le bel canto au conservatoire... Il en est ressorti que j'avais une technique vocale bien ancrée mais qu'en plus j'avais une couleur vocale typique des folk singers. Il est bien évident que j'ai dû garder un petit quelque chose de ce stage... Comme il m'arrive aussi de chanter du gospel, du jazz ou d'imiter des chanteuses. Je joue vraiment avec ma voix.

Et "notre chère France", en 13 années, quels changements te semblent les plus marquants ?

Le développement d'Internet. La précarité, le chômage, le matérialisme, l'éclatement des familles, l'explosion des familles monoparentales... L'individualisme et la solitude des gens qui me font penser à la chanson de Michel Berger, il manque quelqu'un quelque part, je me retourne tout le monde est là...

La scène ? Est-ce toujours aussi difficile de trouver des dates sans le logo "vu à la télé" ?

C'est toujours pareil, ça dépend de la route que tu veux prendre. Je connais des artistes qui ont des petits cachets mais qui tournent beaucoup pour faire le mois. D'autres gèrent leur vie autrement. D'autres font des castings. J'ai une amie qui a fait The Voice en demi-finale et qui tourne sans The Voice... D'autres préfèrent donner des cours et faire de la scène ponctuellement. C'est toujours le même débat.
Pour faire de la scène, il faut du temps, il faut préparer, il faut répéter ses parties, il faut rechercher des dates. C'est un métier à part entière que je ne pouvais conjuguer jusqu'à présent avec ma vie privée, mon propre métier et mes compositions. C'est mon choix.
Mais tout vient à point qui sait attendre... Je crois au destin. Mais je ne connais pas le mien ni celui des autres, alors le temps nous dira...
Quel que soit le chemin que l'on prend, il n'est jamais perdu s'il est assumé et réfléchi.

"Malgré tout", tu fais régulièrement "quelques dates"... donc si un organisateur tombe sur cette interview, t'écoute et a envie de te programmer chez lui... tu es prête ?

Tout projet se discute.

Tu nous annonces d'autres sorties d'ici fin 2015... Peux-tu nous en dire plus ?

Il s'agit de 3 projets : un album acoustique des titres de l'album studio "Bienvenue sur la route", un album piano/voix de certains de mes titres issus de mes précédents albums, et enfin mon album "Un piano dans la ville" qui est un album concept. Et puis, je l'espère, d'autres albums à venir étant donné le nombre de chansons que j'ai dans mes classeurs. J'ai vraiment de quoi faire...

Conclusion ?

Le monde est perfectible, la vie est belle malgré tout, elle nous donne de beaux moments, qu'il faut savoir cueillir et se donner aussi pour tenir lors des mauvais jours.
Internet m'a permis de faire des rencontres extraordinaires que je n'aurais jamais pu même imaginer quand j'étais ado, quand je cherchais déjà sur ma radio des émissions tardives afin d'écouter des musiques en marge des réseaux commerciaux.
J'attendais autre chose de la musique et Internet me l'a apporté sur un plateau.
Je vis quelque part un rêve que mes enfants ne peuvent pas comprendre parce qu'ils sont nés dedans et que ça leur paraît normal alors que pour moi c'est merveilleux. C'est une chance que l'on n'avait pas avant, que je n'ai pas eu à leur âge.
Il faut aller de l'avant, s'adapter aux nouveaux changements, se remettre en question et rester vrai et soi. Ne pas se mentir. Ce sera mon mot de la fin.
Stéphane, je te propose une prochaine ITV dans 13 ans ? ;-)))))

Ecouter, acheter les CDs, les informations, le contact : http://www.magalifortin.com(le site officiel de Magali)

Un site est consacré au titre "Une seule et même couleurS" de l'album Bienvenue sur la route : http://www.amourvisa.com.

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 Magali Fortin les 5 albums
Magali Fortin,

les 5 albums

Bienvenue sur la route

Filles de blues

En vert et contre tout

Just a blue note

Rocking chair



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